La catastrophe de Tchernobyl

Après la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine), l'opinion publique a pris conscience du danger majeur que représente l'industrie nucléaire.

Déroulement de l'accident

Les 25 et 26 avril 1986, des essais de sûreté non autorisés visant à tester le fonctionnement d'un nouveau système de refroidissement de secours du coeur sur le réacteur n°4 sont menés. Le réacteur n°4 devient instable et échappe à tout contrôle, puis il explose. Soufflant la dalle supérieure du réacteur puis le cœur du réacteur, il s'enflamme à l'air libre et atteint la température de 1500°C.

Les pompiers mirent plus de quatre heures à éteindre l'incendie, et plusieurs milliers de tonnes de matériaux (sable et plomb notamment) ont été déversés sur le cœur par hélicoptère pendant deux semaines. Un sarcophage de béton et d'acier de 50 mètres de haut au dessus du réacteur a été bati à la hâte jusque novembre 1986.

Pendant les 10 jours qui ont suivi l'accident, une importante partie des produits radioactifs a été rejetée dans l'atmosphère. Les doses de radiation les plus élevées ont d'abord touché la population proche du réacteur, d'autant que les autorités soviétiques ont attendu un jour et demi après l'explosion pour évacuer les 50 000 personnes vivant dans une zone de 30 kilomètres de rayon autour de la centrale. Cette zone est encore aujourd'hui interdite aux habitations et à l'agriculture. Au total, environ 350 000 personnes ont été évacuées en Biélorussie et en Ukraine.

Causes de l'accident

De type RBMK, le réacteur présentait plusieurs défauts de conception avec notamment une instabilité dans certaines plages de fonctionnement ayant entraîné une perte de contrôle. Par ailleurs, le personnel en charge des essais n'a pas respécté certaines procédures de sécurité, bloquant par exemple trois systèmes automatiques de sécurité qui aurait permis l'arrêt du réacteur.

Contrairement à la plupart des réacteurs dans les pays occidentaux, le réacteur ne possédait pas d'enceinte de confinement qui aurait empêcher les produits radioactif de s'échapper du site.

Le nuage radioactif

L'incendie a provoqué un panache de fumée d'éléments radioactifs qui, au contact des vents à une altitude de plus de 10 000 mètres, s'est ensuite déplacé vers l'Ouest et a touché toute l'Europe. Le niveau de contamination a varié selon la distance et la direction des vents, mais également selon l'importance des précipitations, créant des zones très localisées de contamination plus importantes, par exemple des zones forestières en haute altitude en France (Alpes, Vosges).

Ce sont les composants radioactifs les plus légers qui se sont laissés entraîner par le nuage :

  • l'iode 131 de période courte de 8 jours, c'est-à-dire que sa radioactivité réduit de moitié tous les 8 jours. C'est le principal élément auquel les populations ont été exposées les premières semaines ;
  • le césium 134 de période de 2 ans et le césium 137 de période longue de 30 ans. Ce dernier est le principal élément auquel les populations sont encore exposées aujourd'hui ;
  • d'autres éléments comme le strontium 90 ou le plutonium 239, moins volatiles et dont les activités émises ont été beaucoup plus faibles.

Les effets sur l'environnement et sur l'homme

L'iode 131 était présent dans les aliments pendant les semaines qui ont suivi l'accident, et le césium 137 est toujours présent dans les sols et la végétation, et donc dans l'alimentation. L'iode 131 radioactif se fixe dans les cellules de la thyroïde, surtout chez les personnes présentant une carence en iode, et augmente la fréquence des cancers de la thyroïde. Le césium 137 se fixe dans les tissus mous (muscles et organes) et dans les os des enfants, pouvant donc lui aussi provoquer des cancers. On dénombre de nombreuses pathologies cardiaques et reinales chez les enfants des zones très irradiées, ainsi que des cas de cataractes.

Les mutations génétiques seraient deux fois plus élevées que la normale dans les zones fortement contaminées et entraîneraient des malformations. Ce sont principalement les populations proches de la centrale qui sont touchées par ces problèmes graves de santé, et qui le seront pendant plusieurs générations, notamment en Ukraine et en Biélorussie.

Parmi les six cent mille liquidateurs, personnes envoyées sur le site après l'accident pour réaliser les mesures d'urgence prises par les autorités russes, quinze mille seraient morts et cinquante mille seraient devenus invalides.

En France, des régions comme la Corse ont été fortement touchées, et on constate des problèmes thyroïdiens chez de nombreux enfants corses. La population aurait pu être protégée contre l'iode 131 radioactif de période courte et responsable des problèmes liés à la thyroïde, mais les autorités ont préféré éviter tout affolement.

Pour aller plus loin

Unscear.org/unscear/fr/chernobyl.html - Documentation complète sur la catastrophe de Tchernobyl, par l'UNSCEAR (Comité scientifique des Nations-Unies).